Photo envoyée depuis le bateau OMIA – Water Family pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 20 Décembre 2020. (Photo prise par le skipper Benjamin Dutreux) Portrait
À J+57, 5 skippers ont déjà franchi le cap Horn, 6 IMOCA groupés en 150 miles s’apprêtent à en finir avec les mers du Sud.
Le Cap de la délivrance
Bestaven, Dalin, Ruyant, Seguin et Dutreux ont été les premiers à franchir le cap. Damien Seguin doublait tôt ce matin le Horn (à 3h40 heure française) deux heures après Thomas Ruyant et ne cachait pas son émotion dans une vidéo envoyée du bord : « Mon premier Cap Horn, en quatrième position en plus, c’est un truc de fou, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’y suis arrivé ! ». Le skipper de Groupe APICIL, ému et heureux, a donc enfin mis le clignotant à gauche après 56 jours et 13h de course depuis le départ des Sables d’Olonne le 8 novembre dernier. 200 milles dans son tableau arrière, 7 skippers groupés (Dutreux, Burton, Le Cam, Herrmann, Sorel, Pedote et Joschke) vont eux-aussi entamer la remontée de l’Atlantique Sud non sans une certaine impatience : « J’ai hâte de passer le Cap Horn, ce sera ma première fois. C’est une belle étape » confiait Benjamin Dutreux, 5e au Horn, qui n’en finit pas d’étonner par la maîtrise de son bateau à dérive de 2007. La soirée et la nuit promettent d’être agitées au large du caillou le plus austral de l’Amérique du Sud : un flux de nord-ouest puissant va se renforcer générant des rafales à plus de 40 nœuds et une grosse mer. De quoi marquer ce passage légendaire d’une pierre blanche pour les 4 bizuths du groupe (Dutreux, Sorel, Pedote, Joschke) et les 3 récidivistes (Burton, Le Cam, Herrmann) qui n’ont jamais doublé le rocher mythique avec si peu d’écart entre les concurrents. Le gardien de phare de l’île du Horn ne va pas s’ennuyer…
Une autre course pour Isabelle Joschke
Hier après-midi, alors qu’elle pointait en 5e position, la navigatrice franco-allemande déplorait la casse du vérin hydraulique de la quille de son IMOCA MACSF. Désormais privée de la possibilité de basculer l’appendice de son bateau pour gagner en performance, Isabelle est donc contrainte de faire une croix sur ses ambitions sportives : « Je bascule dans une autre dimension. Je suis dans la déception, j’ai besoin de faire le deuil de ma course » confiait-elle à son équipe technique. Depuis deux jours, les ennuis s’accumulaient (perte de l’aérien, gennaker déchiré) mais ne pénalisaient pas la belle avancée de MACSF aux avant-postes du groupe de « chasseurs ». Ce lundi, Isabelle Joschke change de braquet mais positive en pensant au Cap Horn qu’elle doublera pour la première fois demain matin !
Du tout… au rien ! En tête de flotte, les conditions météorologiques sont beaucoup plus calmes mais bien plus casse-têtes. Yannick Bestaven affiche toujours un petit matelas d’avance sur Charlie Dalin (195 milles) mais la suite s’annonce bien compliquée : tous deux font une route Est pour contourner un anticyclone dans le nord des îles Falklands qui a tendance à s’étaler… dans l’Est. L’idée pour les deux hommes de tête est de ne pas traîner dans les parages pour dépasser au plus vite cette zone de hautes pressions qui va complètement fermer la route à la fin de la semaine ! Thomas Ruyant, troisième, après s’être faufilé dans le détroit de Lemaire entre la Terre de Feu argentine et l’île des Etats choisit un chemin vers le nord. Nous y sommes : la remontée de l’Atlantique Sud n’est jamais un long fleuve tranquille. Mille choses peuvent encore se passer jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne… fin janvier ?
Classement à 15:00 (heure française)
Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 6493.58 milles de l’arrivée
Charlie Dalin, Apivia, à 195.06 milles du leader
Thomas Ruyant, LinkedOut, à 328.99 milles du leader
Damien Seguin, Groupe APICIL, à 404.05 milles du leader
Benjamin Dutreux, OMIA – Water Family, à 605.32 milles du leader