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Vendée Globe. La (nouvelle) chaise de Mr Seguin

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« Je me prends à rêver de passer dans le top 5 au Cap Horn ! Ce serait dingue ! ». Pas si dingue, pas si fou, pas si onirique. En ce 51e jour de course, à 1600 milles du Cap Horn, le bizuth Damien Seguin – qui est né sans main gauche – vient de s’emparer de la 3e place. Son bateau rouge devance LinkedOut de quelques milles au pointage de 15 heures.

Thomas Ruyant a beaucoup perdu à Noël lorsqu’il est parti dans le Nord contourner une excroissance anticyclonique. Sa position d’alors ne lui laissait pas d’autres choix. Il en entrevoyait déjà les conséquences, mais le résultat est aujourd’hui probablement difficile à encaisser pour celui qui n’a jamais décroché du podium depuis un mois et demi. Parallèlement, le double champion paralympique Damien Seguin navigue extrêmement bien, menant son bateau à des vitesses moyennes élevées, empannant au bon endroit.

Comme Damien, la horde de poursuivants en embuscade peut elle aussi se prendre à rêver de gloire, tant les écarts sont minces. 370 milles – soit en gros une journée de mer – entre Bestaven, 1er et Pedote 10e, ce n’est rien. Il suffit d’un pépin technique – tout devient rapidement fastidieux, long et compliqué à réparer pour un homme seul sur ces grands monocoques de 18 mètres – pour hypothéquer une avance construite sur des dizaines de jours d’efforts.

Un Cap Horn comme dans les films

Et des forces, il en faut aujourd’hui pour tenir la cadence au sein du top 14 qui enchaîne les empannages par 55 degrés Sud, dans un vent d’Ouest soutenu (30 nœuds) et une mer bien formée.

Les places risquent ainsi de s’échanger comme au jeu des chaises musicales, alors que Ruyant pourrait voir la chance tourner à nouveau en sa faveur lorsqu’il sera calé en bâbord amure, sur son foil intact. Un bord qui devrait également sourire à Apivia.

Toutefois, un autre danger menace : une dépression secondaire venue du Nord est en train de fondre sur la tête de course en se creusant. Ce phénomène se déplace vers le Sud-Est, va buter sur les côtes chiliennes, au vent des hauts sommets de la Cordillère des Andes et glisser le long des terres jusqu’au Cap Horn, dans un formidable couloir d’accélération…

« Ça ressemble à un passage du Horn comme on les redoute » commentait ce matin Sébastien Josse, consultant météo pour le Vendée Globe. Cette entrée en 2021 en mode survie obligera probablement les premiers à naviguer prudemment, donc lentement, laissant la porte ouverte à un nouveau regroupement à la pointe de l’Amérique du Sud.

Ces petits riens qui font de grandes joies

Mais avant de penser à cette délivrance, les journées se succèdent avec leur lot de contrariétés. Un problème de voile d’avant pour Armel Tripon (13e), un pilote automatique remonté à l’envers, cause d’un gros départ au tas pour Arnaud Boissières (16e), un rail de hook de grand-voile finalement rafistolé pour Stéphane Le Diraison (19e), une bastaque cassée (mais réparée) pour Alexia Barrier (25e).

Entre les petites et les grosses frayeurs, malgré tout, il y a des sourires et de la joie. Comme celle de Romain Attanasio qui se régale du souffle chaud pulsé par le tuyau du ventilateur de son moteur glissé dans la salopette de son ciré, celle de Giancarlo Pedote qui aperçoit (enfin) le soleil, astre réconfortant, ou comme Pip Hare (17e), hilare au passage de l’antiméridien, et qui semble vivre son premier Vendée Globe dans un état d’épanouissement total.